- Apr 19, 2024
10 conseils pour votre premier jet
- Fanny GAYRAL
- Organisation, premier jet
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Ces derniers temps, je vous ai beaucoup parlé de psychologie des personnages
Mais aujourd'hui, je vais changer de registre.
Et évoquer la réécriture d'un premier jet.
Le premier jet, vous le savez sûrement, c'est la toute première mouture de votre livre, brute, que je vous conseille (comme la plupart des écrivains aguerris) d'écrire d'une traite sans trop vous relire.
C'est un sujet d'actualité pour moi, puisque je termine en ce moment la rédaction du premier jet de mon nouveau roman, qui paraîtra chez Eyrolles début 2025.
Je ne vais donc pas tarder à retravailler mon texte, et j'avais envie de partager avec vous 10 erreurs à éviter lorsque vous abordez la phase de réécriture ou de retravail du premier jet :
#1. Erreur 1 : S'y mettre immédiatement :
Dans la mesure du possible, il est bon de laisser un peu décanter votre texte avant d'attaquer la réécriture.
Prenez le temps de vous féliciter pour le travail accompli, de souffler un moment.
Cela vous permettra de revenir revigoré(e) vers votre histoire, avec plus d'énergie et un regard neuf.
#2. Donner votre manuscrit à lire à n'importe qui :
Une grande erreur serait de faire lire ce texte à quelqu'un qui n'a pas l'idée qu'un premier jet est une matière brute, et qui ne sait pas voir les potentialités au-delà des inévitables défauts ou déséquilibres.
Le risque est vraiment de vous plomber à un stade où vous avez besoin de soutien.
Souvenez-vous toujours que les livres que vous trouvez en librairie ne sont pas du tout des premiers jets.
Ce sont au contraire des versions retravaillées, par l'auteur(e) seul(e), puis avec le concours de l'éditeur.
Pour vous donner un exemple : ce premier jet que je suis en train de terminer, je vais prendre un mois et demi pour le peaufiner, réécrire certains passages, affiner certains points d'intrigue.
Ensuite, le processus sera le même que pour "Psy, jeûne et randonnée" : je vais rendre le manuscrit à mon éditeur, il sera lu par la directrice du pôle Romans Eyrolles, qui me proposera des pistes éventuelles de retravail, et je collaborerai durant plusieurs semaines avec une éditrice afin d'améliorer le livre.
Pour « Psy, jeûne et randonnée », par exemple, l'éditrice m'a aidé à modifier la ligne de romance, et à accentuer les liens entre les deux récits entrelacés (c'est un récit à double narration).
#3. Ne pas avoir d'objectifs concrets :
La colonne vertébrale d'une réécriture, c'est l'amélioration du roman dans tous les domaines : entrée en matière, personnages, intrigue, style, rythme, etc.
Vous pouvez lister chacun de ces sujets et vous relire en prenant des notes au fur et à mesure, ou bien faire plusieurs relectures, chacune centrée sur un thème différent.
Si vous ne l'avez pas encore fait, vous pouvez télécharger ma fiche de bêta-lecture gratuite, qui vous indiquera 38 points à considérer.
#4. Bâcler la réécriture :
Cela rejoint le premier item, et la nécessaire décantation.
Je vous le dis d'expérience, il est primordial de ralentir.
Bien sûr, vous êtes sûrement pressé(e) d'achever ce travail, de mettre le point final définitif et de voir enfin votre manuscrit publié en auto-édition ou envoyé à des éditeurs.
Mais ne vous laissez pas happer par ce sentiment d'urgence.
Votre texte a besoin d'un temps de maturation.
Sa vie ultérieure en sera d'autant plus longue et fructueuse.
#5. À l'inverse : y passer des siècles :
Si cela fait des années que vous travaillez à la réécriture de votre roman, il est peut-être temps de vous poser des questions...
Ces modifications que vous faites sont-elles des améliorations ?
Ou s'agit-il désormais de simples changements ? (auquel cas elles sont inutiles).
Par ailleurs, si vous avez l'impression d'être tenté(e) de tout transformer de fond en comble, c'est peut-être le signe qu'il faut passer au manuscrit suivant (et respecter l'identité de celui-ci).
#6. Ne pas vous donner d'objectifs temporels :
Si vous êtes du genre à passer des siècles sur la réécriture, vous fixer des objectifs temporels sera salutaire.
C'est un réflexe que l'on a souvent pour le premier jet.
On se dit "dans quatre mois, j'aurai terminé".
Par contre pour la réécriture, on part la fleur au fusil sans se mettre de contraintes.
Et le processus s'éternise parfois bien au-delà du raisonnable (malgré nous).
#7. Être impitoyable envers vous-même :
Vous le savez, je vous encourage systématiquement à rester bienveillant(e) vis-à-vis de vous-même et de votre manuscrit.
Le texte parfait n'existe pas.
Un roman aura toujours des défauts (et des détracteurs). Il n’y a rien de plus normal.
#8. Ne pas prendre l'avis d'un bêta-lecteur après une première réécriture :
Je suis convaincue qu'il est primordial de prendre l'avis d'un(e) beta-lecteurice, professionnel(le), ou amateur(e) mais bien briefé(e), après un premier retravail.
Seul(e), il est difficile d'avoir suffisamment de recul, et des éléments parfois flagrants nous échappent.
#9. Ne pas prendre de notes :
Soyons clairs : dès que vous allez mettre un doigt dans l'engrenage de la réécriture, mille idées vont vous passer par la tête à la seconde. 😉
Votre petit carnet, votre logiciel de prise de notes sont vos amis.
Ne laissez pas les bonnes idées filer lorsqu'elles se présentent.
#10. Vouloir tout garder :
Élaguer est, en général, beaucoup plus compliqué qu'ajouter des passages.
C'est un crève-coeur de supprimer une scène que l'on adore, que l'on a mis des heures à écrire.
Pourtant, si cette dernière n'apporte rien à l'intrigue, plombe l'histoire, ou est redondante, c'est un mal nécessaire.
"In writing, kill all your darlings" nous dit William Faulkner.
Traduction : n'hésitez pas à trucider vos petits paragraphes chéris s'ils desservent votre roman.
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